lundi 6 octobre 2008

Ma cousine Rose Caron (Cantatrice)


MA COUSINE ROSE CARON (CANTATRICE)



Peinture d'Auguste Toulmouche (1829-1890)

Exposée au Musée Carnavalet à Paris, cette peinture porte la légende suivante : " Rose CARON (1857 - 1930) Cantatrice française, elle débute comme soprano à la Monnaie de Bruxelles. Elle s'illustre ensuite à l'Opéra de Paris dans le répertoire Wagnérien. INV. P. 1767".



Une célébrité de Monnerville :la cantatrice Rose CARON


Rose lucile MEUNIER est née le 17 novembre 1857 à Monnerville. Elle était issue d'une famille modeste, ses parents Alfred Désiré MEUNIER et Louise Augustine GIBIER exerçaient le métier de maraîchers.


Mariée jeune au pianiste Bénoni CARON, petit homme affligé d'une malformation dorsale, elle entra grâce à lui au Conservatoire de Paris en 1875. Elle étudia la musique avec Jules MASSENET et sortit en 1878 avec un deuxième prix de chant et un premier accessit d'opéra. Elle se perfectionna ensuite avec Marie SASS, grande tragédienne lyrique.


Son succès fut immédiat. Après des débuts aux concerts Pasdeloup en 1879, elle fut engagée à Bruxelles au théâtre de la Monnaie en 1882. Elle chanta d'abord le répertoire de "Marguerite" dans le Faust de Gounod, et "Valentine" des Huguenots de Meyerbeer.


En 1885 elle créa le rôle de "Brunnhilde" dans Sigurd de Reyer. Ce fut pour cette éminente artiste l’occasion d’un véritable triomphe. En effet, lorsque le directeur de l’Académie nationale de musique voulut monter cet ouvrage à Paris, Reyer, qui en est l’auteur, posa comme condition que Mme CARON soit engagée à l’Opéra pour l’y interpréter.


(Journal L'Illustration n° 2134 du 19/01/1884 : Sigurd à Bruxelles. L'œuvre de M. Reyer a trouvé à Bruxelles une interprétation digne d'elle : les rôles de Sigurd et de la Walkyrie, attribués à M. Jourdain et à Mme Caron, sont remarquablement tenus. Mme Caron a une voix chaude et bien timbrée, une prononciation d'une extrême pureté et elle donne à son rôle un cachet dramatique auquel sa jeunesse et sa beauté ajoutent un charme irrésistible. Sa place est marquée à l'Opéra de Paris).


Engagée à l'Opéra de Paris en 1885, elle joua dans de nombreuses créations, notamment Salammbô. Au mois de novembre 1887, la direction de l'Opéra de Paris ayant commis la faute de ne pas s'assurer le concours de Rose Caron, celle-ci contracta un engagement avec le théâtre de la Monnaie à Bruxelles ; son départ empêcha VERDI de faire représenter son Ottelo à Paris, car le maître déclara en effet que seule madame CARON pouvait, en France, chanter le rôle de Desdemona.


Séparée depuis longtemps de son mari, elle divorça en 1886 mais conserva son nom au théâtre. Brune, jolie, élancée, elle exerçait sur ses admirateurs un véritable charme poétique.


Elle fit un court séjour à l'Opéra-comique où elle interpréta Iphigénie en Tauride et Orphée de Gluck puis, elle abandonna la scène en 1902 pour enseigner le chant au Conservatoire National Supérieur de Paris.
Son succès lui permit de côtoyer les grands de ce monde. Elle fut la compagne, l'amie dévouée et fidèle de Georges CLEMENCEAU, peut-être même sa conseillère.


(Georges GATINEAU-CLEMENCEAU - Des pattes du Tigre aux griffes du destin - Paris - 1961. "Rose CARON, la fameuse cantatrice de l'Opéra, Léonide LEBLANC, ancienne amie très chère du duc d'Aumale, [...] Suzanne DEVOYOD, sociétaire de la Comédie-Française. [...] Mon grand-père avait pour principe que l'homme est fait pour vivre dehors et la femme à la maison. Il ne se gênait donc nullement pour s'exhiber au foyer de l'Opéra ou dans les théâtres des boulevards avec sa dernière conquête.")




Elle a également été la maîtresse de Théophile DELCASSé, homme politique français (né en 1852 à Pamiers, décédé en 1923 à Nice), ministre des Affaires étrangères (1898-1905) qui fit sortir la France de son isolement, en particulier par les accords avec l'Italie, le renforcement de l'alliance franco-russe en 1900 et surtout l'entente cordiale avec la Grande Bretagne en 1904.


A Paris, elle résidait au 4 square du Roule, mais ses attaches à Monnerville (91), où elle avait acheté une propriété, étaient incontestables. Elle y venait fréquemment et participait à la vie du village.
Elle avait eu deux enfants : un fils mort en bas âge et une petite fille, Rose Marie, pour laquelle elle avait beaucoup d'admiration. Celle-ci, née en 1911, décéda malheureusement d'une crise d'appendicite aiguë en 1929 à l'âge de 18 ans et fut inhumée dans le cimetière de Monnerville.

Propriété de Rose CARON à Monnerville

(Cette maison bourgeoise sise à Monnerville, 8 grande rue, était jadis utilisée comme auberge et connue sous le nom d'auberge du Cygne.

Ayant aussi perdu la même année Georges CLEMENCEAU, la grande cantatrice ne put se relever de ces deuils, et mourut à Paris le 9 avril 1930 dans sa 73ème année. Sur son acte de décès figurent les mentions "Membre du Conseil Supérieur du Conservatoire de Paris et Chevalier de la Légion d'Honneur".


Elle repose aujourd'hui au cimetière de Monnerville en compagnie de neuf membres de sa famille.

Rose Caron phonoscene Alice Guy


Alice Guy enregistre la classe de Rose Caron du Conservatoire

23 octobre 2008
23 octobre 1908 :
Le Pouvoir et les potins: CLEMENCEAU ROSE CARON

Clemenceau est divorcé. Quand il avait cinquante et un ans, en 1892, il a quitté définitivement son “américaine”, Mary, née Plummer.

Depuis ? Le Président du Conseil n’est pas un bellâtre. Habillé très correctement mais simplement, refusant toute ostentation, il porte même un regard sévère sur d’autres hommes politiques qui font preuve d’une élégance raffinée. Ainsi, il désigne régulièrement le député et très bon orateur Paul Deschanel sous le sobriquet de “Ripolin”.

Il ne faut donc pas compter sur Clemenceau pour aguicher toute la gent féminine.

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Rose Caron

Mes amis me pressent pourtant de donner les noms des femmes qu’il fréquente.

Pour ne pas les décevoir mais sans dévoiler plus que ce que le “Tout Paris” sait déjà, je me contente de citer les plus connues, celles qu’il invite par exemple dans sa nouvelle maison de Bernouville ou qui l’accompagnent à l’Opéra et au théâtre, sur les boulevards.

La cantatrice à succès Rose Caron est le nom qui revient le plus souvent. Divorcée elle aussi, la petite cinquantaine, grande, élancée, chantant admirablement, elle charme certaines soirées du Tigre. Ils évoquent ensemble le répertoire wagnérien qu’elle connaît bien. Il l’écoute parler - attendri- et admire sa belle chevelure brune, sa taille fine et ses longues robes décolletées.

Amie, conseillère ou maîtresse ? Un peu des trois ? Personne ne sait vraiment. Ils se voient, s’écrivent de belles lettres, passent des moments de bonheur simple ensemble. Clemenceau oublie quelques instants avec elle ses lourdes responsabilités. Elle lui apporte un point de vue, un discours original qui tranche sur celui de ses collaborateurs issus des grands corps de l’Etat.

Personne ne se risque à informer notre Patron que Rose Caron ferait aussi partie des relations proches de Théophile Delcassé, l’ancien ministre des Affaires étrangères. L’information est moyennement fiable… et complètement explosive quand on sait que les deux hommes se détestent cordialement.

La porte du 8 rue Franklin, là où vit le Président du Conseil, est franchie par d’autres belles amies.

A suivre…
Alice Guy dès l’origine, croit au film parlant. En 1905, elle utilise un appareil, le "chronophone", qui combine l’enregistrement sonore sur rouleau de cire et l’image filmée. L’essentiel de l’activité d’Alice Guy en 1906 et jusqu’au printemps 1908 consistera à réaliser 160 phonoscenes avec le "chronophone Demeny". Dépassant rarement une ou deux minutes, ils reproduisent surtout des chanteurs en action ou des tableaux illustrés par des chorals. Après les Ballets de l’Opéra (avec Gaillard et la maîtresse de ballet), les Sœurs Mante danseuses mondaines, elle enregistre la classe de Rose Caron du Conservatoire dans Carmen, Mignon, Manon, les Dragons de Villars, les Cloches de Corneville, Madame Angot, la Vivandière, Fanfan la Tulipe, le Couteau de Théodore Botrel. Elle enregistre à la faveur d’un voyage en Espagne des Danses gitanes. Viendront interpréter leur répertoire devant sa caméra et ses enregistreurs : Mayol, Dranem et Polin.

Voir "Le vrai Jiu-Jitsu" de Dranem Phonoscene d'Alice Guy 1905

Un concours est ouvert un dvd "Cinema premier Alice Guy" avec 75 Films d'Alice Guy aux meilleures transcriptions des paroles du "Vrai jiu-Jitsu"

"Le Vrai Jiu-Jitsu" Dranem 1905 Alice Guy

" Comment DRANEM peut-il avoir le toupet de débiter devant un public hilare les inepties de son répertoire ? La bêtise volontaire poussée à ce point confine au génie ". Boris Vian.